Le vignoble de Rivesaltes

Le vignoble de Rivesaltes
Le vignoble de Rivesaltes
Le vignoble de Rivesaltes
Le vignoble de Rivesaltes

Le vignoble de Rivesaltes s’étend des plaines du Roussillon, qu’il métamorphose en une mosaïque de petit clos, aux contreforts du massif des Corbières, le nez dans la garrigue. C’est un petit vignoble de quelques 8000 hectares.

 

Rivesaltes est la patrie du cépage-roi, le Grenache, objet de dévotion de la part des vinificateurs pour son extrême richesse organoleptique et l’élégance de ses tanins. 

 

Le Grenache entre dans la composition – seul ou en l’excellente compagnie du Macabeu, de la Malvoisie ou encore du Muscat d’Alexandrie – de superbes liquoreux dénommés très simplement “Rivesaltes”. 

Derrière la modestie du nom se cachent de véritables bombes sensuelles, propres à faire exploser idées reçues et préjugés à l’encontre des vins doux naturels. Trop sucrés, trop “tartes”, trop “vins de femme” : que n’a-t-on entendu à l’encontre des VDN, par bêtise et par méconnaissance. 

Laissés à vieillir en barrique ou dans le ventre d’une dame-jeanne exposée aux rayonnements du soleil méditerranéen, le Rivesaltes est un proche cousin du Banyuls et du Maury.  Hors d’âge (plus de 5 ans d’élevage), il s’élève vers de sommets qui autorisent la comparaison avec un Sauternes.

On en distingue trois types, qu’un œil exercé repère immanquablement à la couleur : le “Tuilé”, couleur brique, l’ “Ambré”, qui tire sur le blond et le “Grenat”, presque violet. Ce sont les cépages employés, le mode et la durée de l’élevage, qui introduisent des distinctions entre ces trois appellations contrôlées regroupées sous le vocable “Rivesaltes”.

Écouter un vigneron vous raconter ces subtilités est un pur plaisir, aussi ne lèverai-je pas le voile sur la composition de chacun de ces crus. Allez donc à la source !

D’autant que la visite ne fait que commencer. 

Arrêt (j’ai dit arrêt pas haro !) sur le Muscat de Rivesaltes. 

Là, je vous dois un aveu. Avant j’étais comme vous, ce truc collant servi à l’apéritif avec force glaçons pour faire glisser le sucre, ça me plombait les papilles. Impossible après ça d’apprécier le gentils Morgon ou le vaillant Pouilly accompagnant le rôti du dimanche. Mais c’est qu’il y a Muscat, et Muscat. C’est comme pour tout. Moi j’ai eu la révélation avec “Fleur de Romani”, un muscat petit grain du domaine Lhéritier. Depuis je teste sur mes invités. Ils sont comme moi, hésitent à reconnaître en ce tourbillon de fraîcheur exquis, un Muscat. 

Précision qui a son importance : ne pas s’acharner à servir le Rivesaltes ou le Muscat à l’apéritif. Ils peuvent se montrer sublimes sur un plat salé-sucré, sur un foie gras, sur un dessert au chocolat (Rivesaltes Tuilé) ou une salade de fraise (Muscat)...

On oubliera également Bourgognes et Bordeaux et l’on s’en remettra aux rouges locaux. Michel Onfray l’affirme : “Crest1998 ? C’est Pétrus moins la facture”. L’anecdote a fait le tour du globe, célébrité du philosophe oblige, et tenez-vous bien : elle est authentique (j’y étais, on a la photo, etc.). Concours de circonstances, Crest est également un vin du domaine Lhéritier, mais n’y voyez pas de malice.

Depuis que j’ai laissé tomber le rôti pour la cargolade catalane, ses escargots au piment, son aïoli et ses divines charcuteries, force rasades de rouges giboyeux m’ont convaincu du potentiel extra-ordi-naire des vins secs rivesaltais.

Ceux-là sont regroupés sous l’appellation “Côtes du Roussillon”. Les rouges à base de Grenache, Carignan, Cinsault, Syrah, Mourvèdre, Macabeu ou encore Lladoner Pelut dominent la production. Mais l’on trouve également des rosés et des blancs, plus difficiles à domestiquer sur ces terroirs très chauds du Sud, où se complaisent néanmoins, bonnes filles, la Malvoisie, la Roussanne et la Marsanne.

Je ne vous ferai pas le coup éculé de la terre de contrastes, ce sera à vous de juger. En vous laissant guider, si le verre vous en dit, par notre carnet de bonnes adresses...